Cette année, beaucoup de traditions familiales n’ont pas été respectées lors du nouvel an chinois. Si l’année dernière (année du Serpent, rappelez-vous), avait été préparé en grande pompe, cette fois, le réveillon est carrément passé à la trappe à la date-dite. Alors qu’il s’agit généralement du plus important repas familial – 6 plats minimum, ma grand-mère y tient – nous avons été contraints de le décaler… au lendemain soir.
Pourquoi ? Parce qu’un jeudi soir pour un repas de famille à Paris, ça n’arrangeait personne. Parce que j’avais aussi invité des amis non Chinois, parce qu’on travaille le lendemain, parce qu’à Paris et en métropole de façon générale, on ne rate pas l’école ou on ne part pas plus tôt pour célébrer le nouvel an de sa communauté (contrairement à La Réunion où les communautés cohabitent plutôt harmonieusement). Cela dit, cela ne nous a pas empêchés de bien manger !
Traditions, adaptation, évolution
Cette année, nous étions 13 autour de la table. Le chiffre n’a pas manqué de stresser ma mère, qui s’est demandé si nous allions compter des superstitieux. Il n’y en eut pas. Côté famille, nous avons pu réunir quelques oncles, tantes et cousins. Côté amis, j’ai eu le plaisir d’accueillir dans ma famille mes amis les plus proches – ceux qui sont là au quotidien pour m’épauler. Ils méritaient de goûter à la merveilleuse cuisine de ma mère. Ce n’était donc pas tout à fait comme lorsque j’étais enfant, où une trentaine de personnes se réunissaient le long de plateaux posés sur des tréteaux sur la terrasse familiale, où nous avions tous les yeux bridés, où nous étions tous liés par le sang.
Cette année, ma soeur de coeur (franco-allemande, nous avons traversé de nombreuses épreuves ensemble) m’a d’ailleurs fait remarquer, appareil photo en main, à quel point nos visages chinois « lui semblaient cinématographiques ». Comment ? Pourquoi ? Il s’agit pour ma part de visages si familiers, que j’ai observés, embrassés, aimés depuis mon enfance que j’ai du mal à les voir différemment. Nos vies et nos expressions sont-elles si cinématographiques pour un oeil européen ?
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Les 6 plats traditionnels… revisités
Rappelez-vous les traditions que je vous évoquais l’année dernière. Un autre point non-traditionnel cette année fut la constitution du menu. Nous l’avons élaboré avec ma mère et je crois que le mot d’ordre était « faisons quelque chose de bon et festif sans nous donner plus de travail que nécessaire ». Il me tenait en particulier à coeur de mettre davantage la main à la pâte que l’année passée. J’ai donc proposé de faire le dessert. Ma mère occupait le terrain du salé. Je sais qu’elle maîtrise ses plats habituels (« camarons » – des grosses gambas en fait – sautés, champignons parfumés…) et n’ose pas la concurrencer dans ce domaine. Quoiqu’il arrive, je crois que je vénèrerai toujours le goût de ses plats chinois. On préfère toujours le goût de la cuisine de Maman lorsqu’on a la chance d’en avoir une qui cuisine bien.
Voici donc le menu atypique qui régala nos papilles :
En apéritif, des samoussas faits maisons par ma mère et ma tante, directement importés de La Réunion.
Puis vient l’entrée : un délicieux potage aux champignons des neiges, qu’on avait déjà concocté l’année dernière.
Ensuite, le traditionnel cochon de lait laqué. Mon père a fait très fort en 2014 avec une bête de 7 kg pour 13. Je vous laisse imaginer à quel point mon congélateur est rempli de viande de porc à présent.
Le plat « principal » alors que plus personne n’avait faim naturellement : des camarons sautés aux légumes, accompagnés de champignons chinois traditionnels, dits « parfumés ». Leur aspect comme leur goût est particulier. On aime bien les comparer à des tortues à cause de leur chapeau craquelé comme des carapaces. L’un de mes amis, dans sa grande naïveté, a cru une fraction de seconde qu’il s’agissait vraiment de chair de tortue.
Vint ensuite le plat préparé par mon oncle : le fameux riz cantonais ! J’en profite pour préciser qu’il ne s’agit pas du tout d’un plat que nous consommons au nouvel an habituellement. Il est un peu pauvre ! Mais nous l’avions amélioré. Et deuxième remarque tant qu’on y est : le riz cantonais est un plat en soi. Lorsque les gens commandent du riz cantonais plus un autre plat dans un restaurant chinois, je le vis presque comme une hérésie !
Et pour clore ce repas, la charlotte à la framboise. Une fois n’est pas coutume, cette année, nous célébrions l’arrivée du Cheval avec le rouge de fruits des bois absolument pas traditionnels !
Excellente année du Cheval à tous !
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