Cet été, je suis partie avec mon coloc passer deux jours dans le Poitou, à Luchapt plus exactement, chez des amis qui nous avaient concocté un séjour « à la ferme ». L’idée était de voir un peu ce qui se passe lorsqu’on possède une exploitation agricole. Bien évidemment, 2 courtes journées sont loin d’être suffisantes et nous n’avons eu qu’un bref aperçu de la chose (enfin, j’ai quand même conduit un tracteur pour la première fois de ma vie !!).
24 heures de vie à la ferme
En bref, j’ai nourri des lapereaux, tracé des chemins dans les champs, huilé la machine qui sert à arroser les cultures – un enrouleur agricole je crois : un truc comme ça – et il y en avait des roues à huiler ! Puis on m’a appris la différence entre le foin et la paille : le foin est pour les animaux, c’est tout bêtement de l’herbe qui a séché. La paille, en revanche, est faite des tiges de céréales – blé, orge… – et sert de fertilisant pour les champs.
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Nous avons aussi pêché dans le lac (enfin, pas moi, car je suis un peu trop hyperactive pour cette activité qui demande calme, patience, et introspection… lorsqu’on ne s’endort pas) et attrapé deux carpes ! *
Pour la détente, on a aussi pêché la grenouille. Comment pêche t-on la grenouille, me demanderez-vous ? Hé bien, tout simplement avec un petit ruban rouge au bout d’un bâton. Il faut ensuite se positionner au-dessus d’un trou à grenouilles et attendre… attendre… attendre que l’une d’entre elles morde à l’hameçon.
D’où vient le lait de chèvre ?
C’est pas tout ça, mais je dois vous parler du highlight de notre séjour à Luchapt, qui n’est pas le bronzage (même si je ne m’en suis guère privée) mais la traite des chèvres.
« D’où vient le lait de chèvre ? Bah… de la chèvre. » Oui, certes, mais savez-vous réellement comment se passe une traite ? Et à quoi ressemble une trayeuse pour chèvres ? Eh bien pour traire ces petites bêtes adorables (elles le sont vraiment, câlines et tout, contrairement à l’image de l’animal plutôt têtu et agressif qu’on en a parfois), lorsqu’elles sont au nombre de 300, on utilise une machine circulaire dans laquelle montent les chèvres. Pendant près de 2h, 2 fois par jour, elles entrent une à une dans la trayeuse, se remplissent la panse à partir des mangeoires qui les poussent à se tenir bien en place, et pendant ce temps, la trayeuse les trait. CQFD. Il faut de la main d’œuvre à l’intérieur du cercle pour installer les pompes sur les pis des animaux. La traite peut avoir l’air douloureuse, vue de l’extérieur, mais en réalité, « ça les soulage » bien sûr.
C’est très impressionnant d’observer la traite mécanique, mais c’est encore mieux de le faire soi-même ! Pour la première fois (c’était le week-end des grandes premières !), j’ai donc trait un animal, et ce n’est vraiment pas facile. Il faut savoir comment empoigner le pis et de quelle façon le presser pour faire sortir le lait. Et puis il faut éviter de mettre du lait partout. Le contact de la peau sous la main est très particulier, chaud et… doux à la fois ? Il est assez difficile à décrire. Mais quelle satisfaction lorsque le lait sort et remplit… une tasse ! Une bonne tasse de lait bien chaud, bue goulûment directement dans l’élevage. Les amoureux du bon lait sauront apprécier le plaisir que j’ai pris à boire à ce moment-là.
Se poser les bonnes questions sur l’agriculture
Ce type d’expérience permet de se rendre compte du travail que représente une bouteille de lait, un fromage ou, en réalité, n’importe quel autre produit alimentaire. Il y a des animaux derrière tout ça, oui, c’est vrai, et il y a aussi des hommes. En ville, tout nous arrive emballé et bien pasteurisé, à tel point que même avec effort, il nous est difficile d’imaginer ce qui se passe dans « l’arrière-boutique ». De toute façon, lorsqu’on n’a jamais vu une trayeuse mécanique de sa vie, on n’imagine même pas qu’une telle machine puisse exister. D’ailleurs, il en va de même pour tous les autres engins agricoles utilisés dans les champs : lorsqu’on les découvre, on se dit que les Transformers, c’est vraiment de la gnognotte par rapport à ce que pourrait être un gros tracteur-Transformer.
On ne peut pas dire que l’élevage de chèvres que j’ai visité avait une dimension industrielle. J’imagine qu’il y en a de bien plus importants, et que c’est bien cette dimension industrielle qui pousse un certain nombre d’entre nous à devenir vegan (franchement je les comprends). Je pense que ce qu’il faut retenir de cette visite est que tout ce que nous mangeons provient d’un être vivant. Son traitement pendant sa vie, que ce soit pour produire du lait ou de la viande, est primordial. Je ne suis pas végétarienne mais je me refuse à manger de la viande dont j’ignore si elle a grandi en plein air et a été bien traité, ce qui revient sans doute au même.
Il est primordial également de s’appesantir sur le fait que les produits que l’on consomme en ville sont sur-processés, dénaturés, et qu’on s’est cruellement éloignés de la source de notre alimentation. Je ne prône pas particulièrement le retour à la nature complet, et encore moins le retour à la ferme de l’ensemble des citadins. Simplement, la prise de conscience de toute la chaîne de production alimentaire est absolument indispensable afin de bien se rendre compte de la valeur de ce qu’on ingère. « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es ». Voilà ce que nous devons avoir en tête. De la chèvre jusqu’au formage sur le rayon de supermarché, il y a un monde et toute une histoire.
*Les carpes commes les grenouilles ont été relâchées. Aucun mal n’a été fait aux animaux pour la réalisation de cet article.
Un immense merci à Marion, Pierrot et Nicolas pour cette expérience inoubliable 😉Oh, et j’ai même pris un petit lapin dans mes mains !
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