Les articles sur l’Abysse de Kanmangafuchi et le Bouddha Jizo ont été originalement écrits pour Vivre le Japon. Ils ont été ici compilés en un seul.
Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Nikko est presque une étape obligée lors d’un premier voyage au Japon. La magnificence de ses temples et sanctuaires en fait un lieu de visite et de pèlerinage très prisé, souvent bondé. Il existe cependant plusieurs sites à explorer pour s’éloigner de la foule et sortir des sentiers battus. L’Abysse de Kanmangafuchi en est un. Au bord d’un fleuve furieux qui a creusé la roche en une gorge spectaculaire (d’où le nom d’Abysse), l’alignement de Bouddhas Jizō de Kanmangafuchi dégage une aura toute particulière.
Enigmatiques Bouddhas fantômes
Est-ce à cause de son isolement par rapport aux grands temples ? Son emplacement entre cascades et forêt ? Sans doute à cause de tout cela à la fois, l’Abysse de Kanmangafuchi reste entouré de secrets. Ils sont environ 70 jizo à veiller au bord du fleuve, un sourire serein aux lèvres.
On les appelle « Bouddhas fantômes » (Bake Jizō), car ils ont tendance à « disparaître ». Impossible, croyez-vous ? La légende veut pourtant que si l’on tente de compter les statues, on ne trouve jamais le même nombre à l’aller et au retour. De nombreuses personnes confirment qu’on en compte « environ » soixante-dix. On prétend même que les Bouddhas changent de place à la nuit tombée. Il faudra donc faire l’expérience par soi-même pour essayer de percer le mystère de Kanmangafuchi.
Préparez votre séjour à Nikko :
>>> GUIDE : A voir et à faire à Nikko <<<
Parce que Jizō est étroitement connecté aux décès prématurés ou à l’âme des défunts qui ne peuvent pas « traverser » jusqu’au « paradis », il est le gardien de ceux dont les tombes ont été oubliées. On dresse des alignements de statues de Jizō dans des lieux où il n’y a plus de tombes pour les défunts, comme au bord de l’Abysse de Kanmangafuchi, où ils représentent les prières et les émotions des familles des disparus.
Kanmangafuchi offrira par ailleurs une balade rythmée par le bouillonnant fleuve en contrebas, mais relativement calme car assez peu fréquentée. Cela permet de bien s’imprégner de l’atmosphère du lieu. N’oubliez pas de rendre hommage au fleuve lui-même en jetant une pièce dans le réceptacle en pierre qui le surplombe.
Curieux d’en savoir plus sur Nikko ?
>>> CARNETS DE ROUTE : Nikko, bénie des dieux <<<
Qui est Jizo, protecteur des voyageurs et des enfants ?
Qui est ce personnage vêtu de bonnets et bavoirs rouges le long de l’Abysse de Kanmangafuchi ? Il s’agit du Boddhisatva Ksitigarbha, protecteur des enfants et des voyageurs. Il est appelé Jizō bosatsu (bodhisattva Jizō) au Japon, ou O-Jizō-san ou encore O-Jizō-sama.
Jizō bosatsu est un boddhisatva, c’est-à-dire qu’il a atteint l’éveil mais a choisi de rester parmi les humains pour les accompagner. Plus spécifiquement, il a fait le vœu de ne devenir bouddha qu’une fois les enfers vidés, c’est-à-dire toutes les âmes sauvées. Au Japon, Jizō bosatsu revêt des significations bien spécifiques : il est le protecteur des enfants, mais aussi des voyageurs.
On rencontre souvent des statues de Jizō au bord des routes, aux carrefours ou dans des endroits de passages, car cette divinité protège ceux qui voyagent. Plus symboliquement, il peut aussi se trouver dans des lieux où l’on passe du monde réel au monde spirituel, ou de la vie à la mort dans certaines imageries. C’est également pour cela qu’on le trouve dans les temples, qui sont des carrefours entre le profane et le sacré.
Jizō est souvent représenté avec un visage enfantin, et vêtu d’attributs d’enfants, car il a promis de protéger les âmes des enfants décédés trop tôt, n’ayant pas pu, de ce fait, accumuler suffisamment de bonnes actions pour être réincarnés. Dans la mythologie bouddhique au Japon, ils sont condamnés à demeurer dans les limbes (un endroit appelé sai no kawara) et à construire des petites piles de pierres pour leurs parents restés vivants. Le mythe veut que la nuit cependant, les démons viennent détruire les tours. Jizō est censé protéger les enfants contre les démons.
C’est également pour cela que de petites pyramides de pierres se trouvent souvent près des statues de Jizō : les passants aident les enfants à construire empiler les pierres, et ainsi à accomplir leur tâche dans les limbes. Avec l’évolution de la société japonaise, le bouddha Jizō incarne aujourd’hui d’autres types de protection (comme les bébés morts-nés). Sa figure peut être présente lors des cérémonies qui visent accompagner les âmes lors d’avortements par exemples.
Où ?
Adresse : Japon, 〒321-1415 Tochigi-ken, Nikkō-shi, Takumicho, 8-28
Accès : Depuis les gares JR Nikko ou Tobu Nikko, ou depuis le Tōshō-gū, prendre le bus Tobu en direction de Chuzenjiko Onsen ou Yumoto Onsen, jusqu’à l’arrêt Tamozawa. Il faudra ensuite continuer à pieds en longeant le fleuve (environ 15 min de marche).
Laisser un commentaire