Le brouhaha du marché de Maybachufer m’envahit les oreilles : c’est la première fois que je viens me balader de ce côté du canal, malgré mes nombreux séjours à Berlin. Le froid berlinois me pince les joues et j’ai déjà les pieds gelés. Mais je suis toute joyeuse car je n’avais encore jamais pu d’aller voir mon ami Fabio, beau blond Vénitien d’origine, qui a lancé sa marque de tiramisu en Allemagne il y a déjà un an.
« Maybachufer Markt, I’ll be there »
Ce texto suffit pour trouver Fabio, debout derrière son petit comptoir qui vante les mérites de Geremia Tiramisu, le vrai tiramisu de Trévise, glutenfrei (sans gluten). Dans un parfait allemand, lui qui n’en parlait pas un mot il y a encore quelques mois, il séduit les passants et vend des mignons petits bocaux de tiramisu – goût classique et goût du jour – pour 3 euros.
Ma chance : il m’en a gardé deux. Je me délecte du classique : la crème onctueuse et légère n’est comparable en aucune manière aux tiramisu que j’ai pu goûter ailleurs. Le biscuit savoyard a gardé tout son moelleux sans être noyé dans la mascarpone ni le café. Sans hésiter, je peux affirmer que c’est l’un des meilleurs que j’ai mangé. Bien entendu, qui mieux qu’un Italien pourrait en exprimer toutes les saveurs ? Le tiramisu du jour – dont la recette, comme son nom l’indique, change chaque jour – c’est poire, rhum, vanille. Je le mets dans mon sac pour le déguster plus tard.
Mais alors, qui est ce Geremia ?
En fait, Geremia Tiramisu, ce n’est pas qu’un tiramisu en bocal vendu sur un marché de Berlin en hiver. C’est l’histoire de deux belles gueules italiennes de 25 ans qui, après s’être connus à l’école primaire près de Venise, puis en grandissant, vagabondé dans plusieurs pays du monde, se sont retrouvés à Berlin un jour, avec une passion commune. La pâtisserie ? la gourmandise ? l’Italie ? Non, leur passion commune, c’est la passion elle-même.
La petite histoire de Fabio, c’est d’avoir voulu préparer un tiramisu lors d’un rendez-vous galant… sauf que tout ne s’est pas passé comme prévu : plongé dans les méandres délicieuses du mascarpone, fasciné par la texture à la fois crémeuse et ferme de la crème aux blancs d’œufs sur le fouet, il en a oublié sa belle. Ricardo quant à lui, après quelques années aux Beaux-Arts (c’est lui qui a dessiné le grand Geremia), s’est tourné à son tour vers le biscuit savoyard, la mascarpone et le café. C’est alors que le prophète aurait pu lui adresser la parole. Mais en fait de lui parler, il lui montra directement comment manier la spatule aussi bien qu’il manie le crayon.
Dans l’atelier des prophètes
J’exagère à peine lorsque je raconte ces histoires d’inspiration divine : il faut une énergie un peu irréelle pour passer des heures chaque jour à perfectionner les recettes, en inventer de nouvelles et fabriquer les quelques 150 tiramisus quotidiens dans le petit atelier de l’est berlinois. Avant d’en arriver là, il avait déjà fallu chercher les bons fournisseurs locaux, tester des dizaines de recettes de biscuits, développer une technique spéciale pour que le tiramisu se conserve parfaitement pendant près d’une semaine sans baisser la qualité du produit (ils utilisent des œufs pasteurisés).
Aujourd’hui, c’est la fête parce que Fabio et Ricardo m’invitent à préparer les tiramisus à la poire et à la vanille de Madagascar pour le lendemain. Ils sont vraiment trop beaux tous les deux avec leurs tabliers brodés main par la maman de Ricardo. Je suis super excitée à l’idée de découvrir les coulisses des Geremia Tiramisu. Lorsque j’arrive, les biscuits savoyards sont prêts mais il faut maintenant les découper en ronds. J’ai envie de tout manger.
On bat la mascarpone et Fabio m’explique qu’il faut que ça tienne sur le fouet, c’est la condition quasi-divine elle aussi, pour que la crème soit réussie. Ensuite on répartit la fameuse crème sur les biscuits. Une fois le bac vide, Fabio me le tend pour que je goûte. Je suis comme une enfant qui lèche les plats (en fait, c’est littéralement le cas). Puis on me fait coller les autocollants sur les pots. Hop ! ça y est, 4 heures plus tard, le frigo est plein de bocaux de Geremia Tiramisu prêts à être savourés…
Demain, Ricardo et Fabio iront chacun de leur côté vendre sur un marché ou livrer les bocaux à un site d’épicerie fine. Debout devant la porte de l’atelier, dans le froid à nouveau, je regarde Fabio s’éloigner sur son vélo avec ses tiramisus dans ses sacoches. L’ambition de Geremia à présent : continuer de trouver de nouveaux réseaux de distribution mais surtout n’utiliser, à terme, que des ingrédients bio.
Où goûter aux tiramisu de Geremia Tiramisu ?
A Kollwitzplatz Markt (Prenzlauer berg) les jeudi et samedi.
A Maybafucher Markt (Kreuzberg) le vendredi.
Chez Korean Food Stories, dont je vous parle dans « Où manger asiatique à Berlin ? »
En d’autres endroits à venir… on espère !
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Leur site web : http://www.geremiatiramisu.com/
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