Hier, j’ai eu la chance d’être initiée à une cérémonie du thé japonaise, dans un petit centre culturel japonais situé dans le 15ème arrondissement de Paris (rue de la Croix Nivert). Nous avons appris à préparer un thé « matcha » avec quelques ustensiles traditionnels, ainsi que quelques gestes indissociables de la cérémonie du thé. Procédons.
Les ustensiles de la cérémonie du thé
Tout d’abord, Nami Sensei – « sensei » veut dire « maître » en japonais – qui nous a reçues (nous n’étions que des filles 🙂 ) a pris soin de nous parler des différents instruments que nous allions utiliser.
D’abord, le bol : ochawan. « O » est une marque de politesse. « Cha » signifie « thé » et « wan », suppose-je, « bol ». En tout cas « wan » veut dire « bol » en Chinois et comme « cha » veut aussi dire thé et qu’environ 900 caractères chinois ont été adoptés dans la langue japonaise, j’imagine que « wan » pourrait vouloir dire « bol ».
Ensuite, le petit fouet en bambou très mignon qui sert à dissoudre la poudre de thé matcha dans l’eau chaude, une fois les ingrédients dans le bol : chasén
La petit cuiller en bois qui sert à prendre le thé en poudre dans la petite boîte à thé s’appelle chashaku.
La petite boîte à thé très décorative : Natsumé
Enfin, la seviette blanche – faite main, nous a t-on précisé – s’appelle : kaishi.
Fortes de ces nouvelles minuscules connaissances dans la vaste tradition culturelle qu’est la cérémonie du thé, nous commençons donc l’initiation.
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Préparer le thé pour un invité
Nous étions assises en face les unes des autres, de telle façon que chacune avait son « invitée » attitrée. Ainsi, l’exercice consistait en la préparation du thé pour celle d’en face. Après une démonstration empreinte de douceur et de délicatesse réalisée par notre professeur du moment, nous commencions.
Voici, en quelques étapes simples, le rituel :
1 – Commencer par s’incliner : cela veut dire merci
2 – Prendre délicatement et sans bruit la petite cuiller (chashaku) et la boîte de thé.
3 – Ouvrir la petite boîte lentement et déposer le couvercle.
4 – C’est maintenant le moment de prendre entre 2 et 3 cuillerées de thé, que l’on va directement déposer dans le bol.
5 – Ensuite, verser l’eau chaude. On en verse assez peu, juste la quantité pour une dizaine de gorgées en réalité.
6 – Vient le moment de fouetter le liquide afin de bien incorporer la poudre de thé. Il faut saisir le shasén fermement, avec le bout des doigts vers le fouet (pas comme une cuiller, plutôt comme une plume pour écrire) et fouetter énergiquement – mais pas trop fort. Il ne faudrait pas que cela déborde ou heurte la paroi du bol.
7 – Lorsqu’une petite mousse est apparue, c’est prêt. Il faut alors reposer le petit fouet et prendre le bol à deux mains.
8 – Lever le bol devant soi et le faire tourner d’un quart de tour, 2 fois de suite, entre ses mains.
9 – On pose ensuite le bol en face de son invité(e).
C’est maintenant au tour de l’invité(e) de savoir recevoir ce présent et y faire honneur. La personne s’incline donc à son tour en guise de remerciement. Elle saisit ensuite le bol de ses deux mains, toujours très délicatement, et le porte à sa bouche. Elle boit entre 2 et 4 gorgées, puis repose le bol devant elle.
Il y a une subtilité à respecter au moment de déposer le bol : le petit doigt doit toujours se trouver en-dessous, de façon à ce qu’aucun bruit ne se fasse entendre au moment où la céramique touche la table. Ce ne serait pas élégant. En ce qui me concerne, j’ai complètement raté cet exercice puisque j’ai tout de même réussi à faire du bruit malgré l’auriculaire bien placé.
Pour terminer, une fois le bol posé, il convient d’essuyer l’endroit où l’on a posé ses lèvres du bout des doigts, puis d’essuyer ses doigts sur la serviette, le kaishi. Bien entendu, on s’incline pour clore ce rituel.
Et voilà ! Bien entendu, j’imagine que d’autres rituels existent et que celui-ci n’en était qu’un simple.
Un moment de sérénité par l’apologie de la lenteur
J’aurais aimé connaître un peu plus de contexte et de signification par rapport à cette cérémonie du thé. Apparemment, elle est toujours pratiquée aujourd’hui au Japon, plutôt par les femmes alors qu’initialement, elle était exécutée par les hommes. Par des combattants, même, qui auraient cherché à s’évader du champ de bataille en trouvant refuge dans un rituel empreint de lenteur et de douceur. Il est vrai que malgré le lieu (dans l’entrée du centre, qui sert également de salle de classe) qui donnait sur la rue, une petite musique cristalline emplissait la pièce et s’adonner à une activité lente et délicate pousse notre cerveau à ralentir et se reposer. C’était comme une bouffée d’oxygène dans nos vies frénétiques parisiennes.
Nous ne prenons pas assez le temps de nous concentrer sur nos gestes quotidiens, et je pense que la cérémonie du thé est précisément un excellent prétexte (ou moyen) de se sentir vivre. Sentir les objets se toucher (le bol sur la table), sentir ses gestes, les mesurer et les contrôler pour rester dans la douceur et la retenue. Ne pas parler à sa voisine, les expressions passant par le geste. J’ai remarqué que nous ne pouvions nous empêcher de sourire pendant que nous faisons la préparation : peut-être était-ce pour masquer une certaine timidité voire gêne de faire quelque chose devant les autres pour la 1ère fois, mais j’aime à croire que le sourire silencieux dans cette situation nous permettait, nous, Occidentales, de signifier davantage à l’amie en face de nous, le plaisir que nous avions à lui préparer son thé. Cela dit, nous bavardions tout de même un peu : je crois qu’il est difficile de s’en empêcher !
Remerciements : Merci à Yann d’avoir offert à Pauline cette initiation à la cérémonie du thé et à Pauline de m’y avoir conviée 🙂
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